La semaine de 4 jours est-elle réaliste?
Il n’y a pas à dire, le marché du travail est en pleine révolution. Télétravail, travail hybride, flexibilité d’horaire, réorganisation des espaces de bureau ne sont pas les seuls éléments à marquer cette transition. De plus en plus d’entreprises considèrent adopter la semaine de 4 jours. Pourquoi? Et est-ce réaliste?
Bien que la semaine de quatre jours soit un sujet « tendance », son application n’est peut-être pas toujours simple. Alors, comment savoir si la semaine de 4 jours est réaliste pour votre organisation ou non?
Voici quelques pistes de réflexion.
Un mouvement mondial?
On décrit le phénomène de la semaine de quatre jours comme étant un mouvement mondial. Autrefois impensable, cette nouvelle tendance prend de plus en plus d’essor. En effet, de nombreuses expériences sont menées ou ont été menées à cet effet dans divers pays. C’est notamment le cas de l’Islande, de l’Espagne, du Japon, de l’Écosse et de la Nouvelle-Zélande. Et de plus en plus d’entreprises s’intéressent aux bienfaits qui semblent en découler.
Avantages de la semaine de 4 jours
Alors que la pénurie de main-d’œuvre est l’un des principaux enjeux du marché du travail actuel, la semaine de quatre jours peut sembler une solution intéressante. Voici quelques arguments-clés en faveur de cette nouvelle approche :
- Attraction et rétention des talents : Face à la pénurie de main-d’œuvre, offrir une semaine de quatre jours s’avère être un atout majeur pour séduire et fidéliser les employés. Une enquête de Forbes indique que 75% des personnes seraient prêtes à changer d’emploi pour bénéficier de cet aménagement.
- Bien-être accru : La semaine de quatre jours contribue à la réduction du stress et à la diminution de l’épuisement professionnel, améliorant ainsi la santé mentale et physique des travailleurs.
- Meilleure conciliation travail-vie personnelle : Cette formule offre une flexibilité qui favorise un équilibre plus sain entre les obligations professionnelles et les activités personnelles, bénéficiant particulièrement aux familles.
- Équité de genre : En facilitant l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la semaine de quatre jours contribue à réduire les inégalités entre hommes et femmes sur le lieu de travail.
- Productivité soutenue ou améliorée : Contrairement aux craintes, la productivité peut se maintenir ou même augmenter avec une semaine de travail réduite. Des expériences vécues par des entreprises montrent plutôt une hausse de la productivité après une période d’ajustement.
- Réduction des coûts opérationnels : Pour les entreprises, une journée de travail en moins peut signifier des économies substantielles en termes de coûts énergétiques, de location d’espaces de bureau et d’autres frais fixes.
- Impact environnemental positif : Moins de jours de travail peut conduire à une réduction des déplacements, contribuant à la diminution de l’empreinte carbone des employés.
- Motivation et engagement accrus : L’anticipation d’un weekend prolongé chaque semaine peut booster le moral des employés, augmentant leur motivation et leur engagement envers l’entreprise.
- Attrait pour les employés approchant la retraite : Cette approche peut encourager les employés d’âge mûr à rester actifs dans la population active plus longtemps, en leur offrant un meilleur équilibre travail-vie.
- Innovation et créativité : Le temps supplémentaire hors travail permet aux employés de se reposer et de se ressourcer, ce qui peut favoriser la pensée créative et l’innovation une fois de retour au bureau.
En somme, la semaine de quatre jours semble offrir une palette d’avantages qui répondent tant aux besoins des employés qu’à ceux des employeurs, suggérant qu’un tel modèle pourrait être une voie d’avenir pour de nombreux secteurs.
Désavantages de la semaine de 4 jours
Alors que l’idée d’une semaine de travail réduite fait rêver, elle n’est pas sans ses propres complications. Voici quelques écueils que les entreprises et leurs équipes pourraient rencontrer :
- Équilibre délicat entre vie pro et perso : Si compresser 40 heures en 4 jours peut sembler séduisant, pour certains, cela pourrait transformer chaque journée de travail en marathon épuisant, nuisant plus qu’aidant à l’équilibre travail-vie personnelle.
- Pas pour tous les secteurs : Certaines industries et rôles ne peuvent tout simplement pas se permettre de fermer boutique un jour de plus par semaine, mettant en lumière des questions d’équité et de faisabilité à travers les différents domaines d’activité.
- Risque de surcharge de travail : Le mythe de la productivité accrue peut se heurter à la réalité des attentes inchangées, poussant certains à travailler sur leur « jour de repos » pour rester à flot.
- Cohésion d’équipe testée : Moins de temps passé ensemble peut signifier moins d’opportunités pour renforcer l’esprit d’équipe, un élément crucial pour une culture d’entreprise solide.
- Complications logistiques : Réorganiser les horaires, adapter les cycles de projet, et même repenser les communications internes peuvent introduire un niveau de complexité non négligeable pour les gestionnaires.
- Clients dans le flou : L’adaptation des horaires pourrait semer la confusion parmi les clients ou les partenaires habitués à une disponibilité 5 jours sur 7, mettant potentiellement en péril certaines relations d’affaires.
- Gestion des ressources humaines complexifiée : De la planification des vacances à la rémunération, en passant par le suivi des heures supplémentaires, les RH pourraient se retrouver face à un casse-tête administratif inédit.
- Pression sur les résultats : Avec un jour de travail en moins, la pression pour livrer peut s’intensifier, mettant potentiellement en péril la qualité du travail et le bien-être des employés.
- Incertitude financière : Sans réduction de salaire, les entreprises doivent trouver le moyen de maintenir leur rentabilité, un défi de taille dans des contextes économiques serrés.
- Expériences mitigées : Tandis que certaines entreprises témoignent d’un succès éclatant, d’autres rapportent des difficultés imprévues, soulignant qu’il n’existe pas de solution unique convenant à tous.
Ces défis ne sont pas insurmontables, mais ils exigent une réflexion approfondie et une planification méticuleuse. La semaine de 4 jours, bien que séduisante, n’est peut-être pas la panacée pour tous les maux du monde du travail contemporain.
Différents formats pour la semaine de 4 jours
Bien que l’on parle souvent de la semaine de quatre jours, il est surtout question de la réorganisation du temps de travail. Il existe en effet différentes façons d’y parvenir. Ainsi, diverses formules sont retenues, dont celles-ci :
- Semaine de 4 jours : soit la totalité des heures initiales répartie sur 4 jours.
- Semaine de 4 jours : soit une réduction d’heures, par exemple, en passant de 40 à 36 heures, réparties sur 4 jours.
- Semaine de 4 jours et demi.
- Semaine de 4 jours, une semaine sur deux.
- Moins d’heures par jour réparties sur 5 jours.
- Horaire d’été, s’étendant parfois plus longtemps qu’auparavant.
- Horaire réduit pour préretraités.
- Etc.
Peu importe la formule retenue, les entreprises n’ajustent pas systématiquement la rémunération des employés à la baisse. La plupart des organisations à l’étranger optent en effet pour le maintien du salaire initial, ce qui semble être moins le cas au Québec. Il s’agit bien sûr d’une question délicate, mais les expériences tendent à démontrer que cette approche, à priori contre-intuitive, serait en fait bénéfique.
Et comment l’implanter?
Le comité de consultation
Il est évident qu’avant de mettre sur pied un horaire de quatre jours par semaine, il est important d’analyser la faisabilité et de définir le but de cette formule. Certains conseillent de créer un comité de consultation et de commencer par un projet pilote. Bien sûr, d’autres soulignent que de donner cette possibilité et d’ensuite la retirer peut s’avérer risqué.
Bien outiller les gestionnaires
De plus, une fois retenue, cette approche exige que les gestionnaires s’approprient les outils adéquats pour évaluer les gains ou les pertes sur le moyen et long terme. Miser sur les résultats des employés et non sur le nombre d’heures travaillées peut être une manière de procéder.
Une révision « intelligente » de la méthode de travail
Quoiqu’il en soit, l’implantation de la semaine de quatre jours demande de revoir les méthodes de travail, d’effectuer un changement profond. On parle de travailler plus intelligemment, et non davantage. L’automatisation, la réduction du temps passé en réunion, etc. sont quelques pistes sur lesquelles se pencher pour gagner en efficacité.
Quoi qu’il en soit, la réorganisation du temps de travail implique la gestion du changement. Et pas seulement pour les employés et les gestionnaires! Il faut aussi prévoir la réaction des clients.
Ne pas avoir peur de réfléchir à la rémunération
Bien sûr, qui dit changement d’horaire, dit besoin de repenser la rémunération, notamment pour les vacances et pour les gens travaillant à temps partiel. Et cela peut rapidement devenir un casse-tête.
Des entreprises qui ont tenté l’expérience de la semaine de 4 jours
Des entreprises telles que Sensei Labs et L’Abri, ou même Praxis ont tenté l’expérience de la semaine de 4 jours. Depuis, elles ont constaté certains avantages significatifs, tels que :
- Une réduction de la demande de congés personnels et maladie;
- Une amélioration de l’efficacité, sans impact négatif sur les revenus de l’entreprise;
- Et une meilleure concentration des employés.
Ces résultats positifs sont cohérents avec d’autres études, mais il demeure important de rappeler que ces entreprises en sont encore à un stade préliminaire de cette nouvelle approche. En ce sens, les experts recommandent davantage d’études avant de pouvoir affirmer de façon péremptoire les bienfaits de cette transition.
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Au final, même si certains croient que l’application de la semaine de quatre jours est possible pour tous, cela ne l’est probablement pas encore pour tous les secteurs.
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