
Il n’y a pas à dire, le marché du travail est en pleine révolution. Télétravail, travail hybride, flexibilité d’horaire, réorganisation des espaces de bureau ne sont pas les seuls éléments à marquer cette transition. De plus en plus d’entreprises considèrent adopter la semaine de 4 jours. Pourquoi? Et est-ce réaliste?
J’ai eu le plaisir de discuter de cette approche avec les participants du Live Discussion qui a eu lieu le 29 avril dernier. Bien que la semaine de quatre jours soit un sujet « tendance », j’ai cru comprendre que son application n’était toujours simple. La question est maintenant de savoir, est-ce que la réorganisation du temps de travail est faite pour votre organisation?
Un mouvement mondial?
Dans cet article du Devoir, on décrit le phénomène de la semaine de quatre jours comme étant un mouvement mondial. Autrefois impensable, cette nouvelle tendance prend de plus en plus d’essor. En effet, de nombreuses expériences sont menées ou ont été menées à cet effet dans divers pays. C’est notamment le cas de l’Islande, de l’Espagne, du Japon, de l’Écosse et de la Nouvelle-Zélande. Et de plus en plus d’entreprises s’intéressent aux bienfaits qui semblent en découler.
Néanmoins, divers enjeux peuvent venir compliquer la donne. L’équité est l’une des préoccupations majeures selon les participants du Live Discussion. En effet, comment gérer les différences entre les postes occupés lorsqu’il est impossible d’offrir la semaine de 4 jours pour tous? L’éducation sur les répercussions et les bénéfices devient alors très importante et un moment de transition peut s’avérer nécessaire.
De plus, les bénéfices ne sont pas perçus ni appréciés de la même manière par tous les employés. Par exemple, certains ne souhaiteront pas comprimer leur horaire pour diverses raisons, notamment les parents de jeunes enfants. La formule unique est donc plutôt difficile à appliquer. Il peut ainsi être indiqué d’offrir une flexibilité basée sur chaque individu, lorsque c’est possible. Or, cela complique grandement la gestion.
Différents formats
Bien que l’on parle souvent de la semaine de quatre jours, il est surtout question de la réorganisation du temps de travail. Il existe en effet différentes façons d’y parvenir. Ainsi, diverses formules sont retenues, dont celles-ci :
- Semaine de 4 jours : soit la totalité des heures initiales réparties sur 4 jours.
- Semaine de 4 jours : soit une réduction d’heures, par exemple, en passant de 40 à 36 heures, réparties sur 4 jours.
- Semaine de 4 jours et demi.
- Semaine de 4 jours, une semaine sur deux.
- Moins d’heures par jour réparties sur 5 jours.
- Horaire d’été, s’étendant parfois plus longtemps qu’auparavant.
- Horaire réduit pour préretraités.
- Etc.
Peu importe la formule retenue, les entreprises n’ajustent pas systématiquement la rémunération des employés à la baisse. La plupart des organisations à l’étranger optent en effet pour le maintien du salaire initial, ce qui semble être moins le cas au Québec. Il s’agit bien sûr d’une question délicate, mais les expériences tendent à démontrer que cette approche, à priori contrintuitive, serait en fait bénéfique.
Les avantages
Alors que la pénurie de main-d’œuvre est l’un des principaux enjeux du marché du travail actuel, la semaine de quatre jours peut sembler une solution intéressante. Elle permettrait notamment d’attirer et de retenir les employés. Selon Forbes, le trois quarts des gens affirment qu’ils changeraient d’emploi si on leur offrait un emploi à quatre jours par semaine. Et cette formule pourrait contribuer à retenir plus longtemps les services des employés approchant de la retraite.
Lorsque l’on parle de la semaine de quatre jours, plusieurs évoquent la réduction du stress et la diminution de l’épuisement professionnel. La santé mentale et physique serait ainsi améliorée. De plus, la conciliation travail-vie personnelle serait facilitée dans certains cas et elle permettrait une certaine équité entre les hommes et les femmes.
On relève aussi le maintien, voire l’augmentation de la productivité lorsque la semaine de quatre jours est retenue. Le journal Les Affaires rapportait d’ailleurs une expérience menée en France, où la productivité avait connu une baisse après le premier mois suivant son implantation, mais avait connu une hausse six mois plus tard.
L’implantation
Il est évident qu’avant de mettre sur pied un horaire de quatre jours par semaine, il est important d’analyser la faisabilité et de définir le but de cette formule. Certains conseillent de créer un comité de consultation et de commencer par un projet pilote. Bien sûr, d’autres soulignent que de donner cette possibilité et d’ensuite la retirer peut s’avérer risqué.
De plus, une fois retenue, cette approche exige que les gestionnaires s’approprient les outils adéquats pour évaluer les gains ou les pertes sur le moyen et long terme. Miser sur les résultats des employés et non sur le nombre d’heures travaillées peut être une manière de procéder.
Quoiqu’il en soit, l’implantation de la semaine de quatre jours demande de revoir les méthodes de travail, d’effectuer un changement profond. On parle de travailler plus intelligemment, et non davantage. L’automatisation, la réduction du temps passé en réunion, etc. sont quelques pistes sur lesquelles se pencher pour gagner en efficacité.
Bien sûr, qui dit changement d’horaire, dit besoin de repenser la rémunération, notamment pour les vacances et pour les gens travaillant à temps partiel. Et cela peut rapidement devenir un casse-tête.
Quoi qu’il en soit, la réorganisation du temps de travail implique la gestion du changement. Et pas seulement pour les employés et les gestionnaires! Il faut aussi prévoir la réaction des clients.
Même si certains croient que l’application de la semaine de quatre jours est possible pour tous, cela ne l’est probablement pas encore pour tous les secteurs.
Et vous? Que pensez-vous de la semaine de quatre jours? Pour en discuter avec nous, n’hésitez pas à nous joindre ici. Vous pouvez également nous suivre sur LinkedIn pour connaître nos prochains sujets de Live Discussion ou visiter notre section Événements. Je serais très intéressée de vous entendre parler de vos expériences et de pouvoir partager avec vous!