Pas de formule unique pour le retour au travail
La promesse du retour au travail se concrétise de plus en plus et les entreprises doivent se préparer à accueillir de nouveau leurs employés entre leurs murs.
Si tout un chacun se voit soulagé à l’approche du déconfinement, la reprise des activités telles qu’elles étaient auparavant n’est pas sans représenter son lot de défis et de questionnements. Peut-on vraiment revenir aux pratiques passées? Le retour au travail sera-t-il synonyme de nouvelles opportunités pour les entreprises et les employés?
Quelle politique adopter pour le retour au travail?
Le dossier du télétravail se retrouve au centre des préoccupations. Pour ceux et celles qui ont œuvré à distance durant la pandémie, cette formule sera-t-elle pérenne?
De nombreux scénarios sont envisagés selon les types d’entreprises, le genre de gestion et la nature du travail à accomplir. Face à un retour complet, à une formule hybride ou à un maintien du télétravail, personne n’est indifférent à ce qui marquera peut-être la nouvelle réalité du marché du travail.
Certains sont impatients de retrouver leurs repères. L’aspect social n’y est généralement pas étranger. De plus, certains irritants techniques et personnels peuvent motiver les travailleurs à revenir occuper leur poste sur place.
Il en va autrement pour d’autres, qui redoutent le retour au travail. L’acquisition d’une plus grande autonomie et d’une flexibilité d’horaire en a effectivement conquis plusieurs. À tel point que certains envisagent de changer d’emploi s’ils ne peuvent plus travailler à distance. L’un des arguments souvent avancés est la recherche d’une meilleure conciliation travail-vie personnelle.
Le mode hybride, alliant télétravail et travail en présentiel, semble aussi attirer bon nombre d’employés. Si pour plusieurs cette option apparaît intéressante, encore faut-il en prévoir les règles.
Réflexions et stratégies
Avant même d’établir une politique sur le télétravail, l’entreprise devrait entamer une réflexion sur les apprentissages réalisés durant la pandémie. En effectuant un bilan et en évaluant la productivité des derniers mois, les gestionnaires pourront dégager certaines conclusions. Celles-ci influenceront éventuellement la prise de décision et orienteront les stratégies déployées pour l’organisation du travail.
Les données de diverses études peuvent aussi susciter la réflexion. En voici quelques-unes :
- Selon un sondage conduit par Deloitte Suisse, 41 % des travailleurs affirment qu’ils sont plus productifs lorsqu’ils sont en télétravail.
- Une étude de deux ans, menée avant la pandémie par l’Université de Stanford, a démontré que, lorsqu’ils avaient les conditions pour le faire (lieu de travail dédié, accès aux technologies adaptées), les gens travaillant de la maison étaient 13 % plus productifs et avaient 50 % moins de risque de démissionner. Néanmoins, le contexte de la crise sanitaire a révélé que les rencontres en face à face étaient essentielles.
- Le Bureau of Economics Research a observé une augmentation des heures de travail de 10 % lors du confinement.
L’essentielle communication
Les gestionnaires pourront se tourner vers leurs employés pour déterminer quelles sont leurs attentes. Les sondages parus dans la presse ne reflètent pas nécessairement leur réalité. Il est donc essentiel d’entamer une discussion honnête où les besoins de l’entreprise et des employés sont exprimés et considérés.
Quelle que soit la formule retenue, l’entreprise devra fournir à tous ses employés des directives claires et détaillées sur la politique adoptée afin d’éviter toute erreur d’interprétation.
À ne pas négliger : le temps d’adaptation
Il est important de garder à l’esprit que toute transition, qu’elle soit souhaitée ou non, comporte son lot de stress. La reprise des activités en présentiel n’y échappe pas. À cet effet, plusieurs entreprises évaluent d’ailleurs la possibilité d’effectuer un retour graduel au travail.
Enjeux différents
Lors du confinement de mars 2020, aucun délai d’adaptation n’a pu être accordé, ce qui a entraîné pour certains de lourdes conséquences comme une hausse du stress et de l’anxiété.
Le retour au travail, quant à lui, ne représente pas les mêmes enjeux, mais agir précipitamment risque d’aggraver différentes réactions négatives ou anxiogènes.
En énonçant clairement les étapes de la reprise des activités, l’entreprise favorisera une transition plus harmonieuse. Cependant, elle ne doit pas oublier qu’il sera préférable de faire preuve d’une grande écoute et d’une flexibilité accrue.
Accorder la priorité à la santé et au sentiment de sécurité
Les employeurs devront s’assurer que les recommandations sanitaires sont suivies et que les employés se sentent en sécurité dans leur environnement de travail. Bien que les risques associés au coronavirus soient pour l’heure moins importants, il demeure que le virus circule encore, ce qui peut en inquiéter plusieurs.
Les gestionnaires seront appelés à transmettre toutes les informations nécessaires pour favoriser le respect des consignes et offrir l’assurance d’un environnement sécuritaire.
Quelles opportunités pour l’entreprise?
Somme toute, le retour au travail a de quoi réjouir. Malgré les défis bien réels qui se posent, il peut être intéressant d’y voir des opportunités pour les entreprises et les employés.
Se redéfinir
Avec les réflexions portant sur la politique d’organisation du travail, le déconfinement peut représenter une occasion pour réviser la culture de l’entreprise.
Il serait alors pertinent de revoir les méthodes pour favoriser l’engagement et les moyens pour augmenter la productivité des employés. Par exemple, il pourrait être approprié d’ajuster les indicateurs de performance et analyser si une approche tournée vers les objectifs pourrait être appliquée.
De plus, il pourrait s’avérer profitable de repenser les politiques de conciliation travail-vie personnelle et d’examiner la possibilité d’adopter une certaine flexibilité d’horaire.
Recrutement élargi
Avec la mise en place d’un système efficace de télétravail, les entreprises pourraient profiter du passage d’une pénurie de main-d’œuvre à l’ouverture sur un bassin élargi de candidats. Le travail à distance pourrait alors s’avérer une solution pour combler les difficultés à recruter.
En remaniant les politiques de recrutement, celles-ci pourraient être repensées afin de répondre à une approche plus éthique et plus inclusive.